Pratique très courante en Belgique : « Le sexe sous
influence rend accro »
mardi 14 février 2023
11:59
ACTUALITÉ
14/02/2023
LE CHEMSEX, C’EST QUOI?
Pratique
très courante en Belgique : « Le sexe sous influence rend
accro »
L.P.
Pierre Palmade sera
entendu cette semaine par les enquêteurs.DR
Selon les premiers
éléments de l’enquête, Pierre Palmade avait fait la fête pendant plus de 24
heures avant son accident. Une orgie sexuelle sous influence de cocaïne et de
médicaments. Du « chemsex » aussi très courant chez nous.
Drogue, alcool,
médicaments...
Chez nous, le
chemsex est « une pratique très courante », souligne Maurizio
Ferrara, psychologue détaché à Infor-Drogues. « Chez les hommes ayant des
rapports sexuels avec des hommes ». Ceci concerne donc la communauté gay mais
aussi des travailleurs du sexe et des bisexuels. « C’est une pratique qui
peut être triplement addictive chez certaines personnes. Il y a l’addiction à
la drogue, l’addiction au sexe et l’addition aux réseaux sociaux par lesquels
les participants se trouvent et se rencontrent ». Et de préciser
qu’évidemment, ce n’est pas le chemsex qui est à mettre en cause dans
l’accident de Pierre Palmade. Mais plutôt le fait que le comédien ait pris le
volant sous influence.
Dans le chemsex, on
trouve souvent le recours à la cocaïne, encore plus puissante au niveau de ses
effets si elle est injectée et non sniffée. « Son pouvoir addictif est
aussi plus importante par injection que par sniff », souligne le
psychologue.
Mais il y a aussi
d’autres drogues comme le cristal met, l’héroïne, des drogues de synthèse qui
circulent en masse sur le dark web, des médicaments et substances
médicamenteuses comme la kétamine (un puissant anesthésiant de plus en plus
fréquemment utilisé chez les jeunes), du fentanyl (dont le chanteur Prince
avait fait une overdose), du Viagra… Autant de produits que les adeptes du
chemsex vont combiner, par sniff, injection, administration anale pour des
effets décuplés, alternant phase de décontraction totale et moment de
surexcitation intense. Alcool et tabac font aussi en général partie des
substances consommées. « Dans le chemsex, on peut passer 3 ou 4 jours sans
manger et sans dormir, avec ces produits. Certains vont dépenser 500 ou 600
euros en drogue pour tenir plusieurs jours d’affiliée. Il y a toujours
plusieurs partenaires, parfois plus d’une dizaine, qui se mettent en contact
via les réseaux sociaux. Les personnes ont souvent été initiées dans un
contexte de groupe, où elles n’ont pas osé dire non. Et puis, elles sont
devenues accros à cette pratique ».
La cocaïne,
de plus en plus
courante
Et Maurizio Ferrara
d’insister sur la dangerosité de cette pratique, surtout pour la privation de
sommeil et d’appétit qu’elle engendre. « Le plus gros risque est la
psychose toxique, avec des personnes qui vont se retrouver aux urgences en
présentant un état de délire, de paranoïa ou de persécution car elles n’ont
plus la notion du jour et de la nuit ni de la réalité ».
Pierre Palmade se
bat depuis des années contre son addiction à la cocaïne. Un combat que voit
régulièrement Maurizio Ferrara et qui est de plus en plus compliqué alors que
la drogue est devenue omniprésente sur le marché belge.
« Les dealers
se livrent à du harcèlement envers leurs clients », note-t-il.
« C’est d’autant plus difficile d’arrêter car, une fois que vous avez
acheté de la cocaïne, les revendeurs échangent les numéros de téléphone des
clients et les revendent. Vous recevez donc plusieurs messages par jour avec
des promotions, 2+1 gratuit, 0,25g gratuit, des photos de table pleine de
cocaïne qui vient d’arriver et qu’on vous propose. C’est comme si vous faisiez
un régime et qu’on vous envoiyait des photos de gâteau. Cela suscite votre
envie et vous rappelle à votre addiction en permanence ». Le premier
réflexe, quand on veut arrêter, est donc de changer de numéro de téléphone.
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