L'uro, comment en parler à l'autre ? La Chronique d'HELENA

L'uro, comment en parler à l'autre ?

Dans le courrier que je reçois, il m’arrive qu’on me pose des questions, j’ai déjà dis que je ne souhaitais pas dévoiler ma vie personnelle. Ce n'est pas pour cela que je participe à la gestion de Vassilia !

Reste deux grandes catégories :

La première concerne la sécurité, étant assez courte à traiter, j’ai simplement étoffé un peu mon article central.

La seconde est beaucoup plus complexe à aborder, c’est celle-ci :

« j’aime bien l’uro, je fantasme dessus, mais je ne sais pas comment en parler à ma petite amie ‘ou à mon petit ami, etc…) »

J’y ai droit au minimum deux fois par semaine ! C’est dire si le problème est réel !

Croyez, bien mes bons amis, que s'il y avait une réponse miracle je vous la donnerais ! Il n’y en a donc pas. Mais on peut malgré tout faire avancer les choses, et parfois les faire avancer considérablement...

L’état des lieux

Il faut donc répondre à la question suivante : Quel est l’opinion « des gens » sur les pratiques uro ?

Faute de statistiques ou même de sondage fiable, on est obligé d’extrapoler… Ce n’est pas grave, j’adore cela !

On va donc avoir un champ d’opinions différentes, ces différences vont porter sur :

Comme tout champ, ce champ d’opinion a ses limites (ici celles de la conviction) :

Les gens à "convaincre" sont donc entre ces deux limites, Ça fait du monde !…

Et avant d’aller plus loin une précision d’importance : L’uro n’est pas une idée, c’est une pratique. Il n’y a personne à convertir ! Il y a par contre des gens à convaincre de passer à l’acte. Et avant de convaincre, on va voir qu’il convient de remettre quelques pendules à l’heure. Mais retenez ce principe il est essentiel :

On ne cherche pas à convertir, mais à convaincre !

On croit qu’entre deux opinions extrêmes (extrêmes, pas extrémistes !) Il y a une longue ligne droite sur laquelle vont figurer toutes les opinions intermédiaires, des plus rapprochées aux moins rapprochées.

Ben non, ce n’est pas comme cela que ça se passe !

Entre les deux bords se trouve non pas une ligne mais des sphères ! Des sphères d’opinion !

Des drôles de sphères d’ailleurs aux comportements bizarres :

On peut en matière d’opinion sur l’uro dégager quatre grandes sphères :

Je n’ai pas parlé de ceux qui s’en foutent comme de leur premier kleenex, ceux-là nous seulement ils ne sont pas dans une sphère, mais ils sont hors champ. Mais il faut bien que l’on envisage aussi leur cas.

Et voilà tout le monde est sur le papier ! On continue !

Oui, mais avant, il faut encore (j’en suis désolée) compliquer encore la chose (rassurez-vous quand on en sera à l'argumentaire ça va devenir plus simple !)

1ère complication : Nos sphères ne sont pas homogènes : Prenons comme exemple la sphère hygiénique (qui est la plus facile à traiter)

Tout le monde ne crie pas en chœur : "C’est sale !" Non ! On va trouver :

mais aussi :

Intéressant, non ? Parce qu’on voit déjà quels sont les arguments et les actions à mener…

2ème complication : Nos sphères ne sont pas autonomes mais s’inter-pénètrent les unes les autres !

Quelqu'un peut par exemple dire à la fois que c’est sale, que c’est déviant et que ça ne sert à rien…

Evidement plus la personne sera dans plusieurs sphères, plus la tâche sera difficile !

Donc quatre sphères plus des gens à l’extérieur :

Traitons tout cela :

La première sphère est celle des béotiens : il est facile de faire sortir quelqu’un de là-dedans, puisqu’il suffit de lui expliquer que ça existe. Sauf cas exceptionnels ça ne va pas le transformer en pisseur militant, les choses ne sont pas si rapides, non, notre sujet va simplement rejoindre une autre sphère ou se mettre hors champ. Tout dépend alors de la façon dont il va recevoir l’explication. Nous y reviendrons !

La deuxième sphère, l’hygiénique se nourrit d’une idée fausse « l’uro est sale » la sortie de sphère se fera donc en argumentant le contraire. En principe une majorité d’individu ne persiste pas dans l’erreur quand la démonstration est inattaquable (même s’ils ne nous le disent pas de suite)

Idem pour la sphère pour de l’ordre : mais c’est plus difficile, l’hygiène ne relève pas du domaine des idées, mais de celui de l’observation, l’ordre est par contre quelque chose de très subjectif

La sphère pratique : il est très difficile de convaincre quelqu’un qui vous sort à tous bouts de champ des "ça ne m’intéresse pas", "ça ne me plait pas" ou pire, "je n’en vois pas l’intérêt !" Car on argumente souvent dans le vide, votre interlocuteur n’attendant qu’une seule chose c’est que vous changiez de conversation. Nous verrons qu’on peut néanmoins s’en sortir.

Les hors champs : Dire "je n’en vois pas l’intérêt" et dire "je m'en fous" n'a pas la même signification. Le premier ne refusera pas la discussion même si ça le gonfle, le second la refusera. Le premier à une position de principe, le second à une position de fermeture d’esprit, voire de paresse intellectuelle. Le premier est capable de vous dire « j’ai essayé et ça ne m’apporte rien », le second vous dira plutôt « ce n’est pas mon problème » Je n’ai pas de solution pour les gens de cette catégorie.

On va donc les laisser tranquilles et revenir sur les autres avec un argumentaire.

Enfin ! Direz-vous !

Je m’excuse pour cette longue introduction plus ou moins sociologique, mais j’estime que dans ce domaine il vaut mieux savoir ou l’on met les pieds, la suite n’en sera que plus efficace.

Sortie de la première sphère « on ne savait pas que ça se pratiquait »

N’allez pas trop vite, vous ne ferez pas tout à la fois ! Mais l’information doit être orientée dans le bon sens, exemple :

« J'ai vu un truc sur Internet, un truc dingue, des gens qui se pissaient dessus (ça c’est l’information) mais le plus dingue c’est qu’ils avaient l’air de s’amuser comme des petits fous et d’être super bien dans leurs peaux (là on présente la chose sous un jour favorable) des gens comme toi et moi, qui avaient l’air tout à fait normaux (là on banalise). Il est inutile d’aller plus loin ! Le changement de sphère peut être immédiat, et le partenaire vous sortir tout de suite « moi, je trouve ça dégueulasse », répondez juste un truc pour minimiser « dégueulasse c’est peut-être un grand mot » et laisser tomber, votre partenaire va digérer consciemment ou pas l’information, vous n’êtes pas à une semaine prés !

Sortie de la sphère hygiénique : « c’est sale !»

Là je vous conseille la méthode hyper classique de la revue de salle d’attente : Vous ne rapportez pas une lecture, ça ne marque pas assez l’esprit, vous racontez une anecdote en vous appuyant sur une prétendue lecture !

Exemple

Et hop ! Le partenaire n’est pas sorti de la sphère mais il est prêt à en sortir.. Encore une fois une question de jours. (Remarquez, malheureusement la sortie de sphère ne s’effectuera pas si la notion de sale chez votre interlocuteur est irraisonnée (essayez un peu de faire évoluer quelqu’un qui vous dira que les araignées, ou les crapauds, ou les souris.. c’est sale… la tâche est presque impossible)

Sortie de la sphère d’ordre :

Plus difficile parce que l’ordre n’est pas une donnée objective, sachez cependant qu’il y a dans cette position un souci plus ou moins affirmé de conformisme volontaire. On ne veut pas être différent de tout le monde, et on ne veut pas que le partenaire nous entraîne dans une différence quelconque

Quels arguments employer ?

L’argument culturel :

L’argument du bien dans sa peau

Ne revenez pas à la charge, n’insistez pas, il ne faut surtout pas paraître lourd, il ne faut pas que le partenaire sente que ça devient obsessionnel. De toute façon, il va « assimiler » ce que vous lui avez dit, ce n’est pas forcement pour cela qu’il sortira de la sphère.

Sortie de sphère pratique :

Ici pas d’argumentaire ! Essayez d’argumenter auprès d’une personne qui vous dit non seulement qu’elle n’aime pas le chou-fleur mais qui est capable en plus de vous dire qu’elle y a goûté (même si ce n’est pas vrai) Par contre on peut entrer dans son jeu (qui est de se chercher une bonne raison de le faire, introuvable selon lui) en entrant dans la période de sollicitation mais de façon un peu différente.

Après l’argumentation, la sollicitation

Présentez votre désir comme une expérience amusante que cous voulez réaliser, une tocade : suivant les réactions que vous avez notées à la phase précédente vous pourrez y aller plus ou moins progressivement :

Si le partenaire n'émettait que des arguments de type hygiéniques ou d'ordre, et que ceux ci sont tombés, la chose ne sera pas trop difficile, par exemple :

puis

où dans le même ordre d'idée, allez déranger le partenaire pendant qu'il prend son bain

Ne vous inquiétez pas pour la 3ème phase, l'absorption, elle viendra toute seule...

Par contre si votre partenaire est de ceux qui se réfugient constamment derrière les "je ne vois pas l'intérêt" (sphère pratique), ça va être plus difficile, et il conviendra de personnaliser au maximum la sollicitation : A quelqu'un qui vous dit "Il n'y a pas de raison, il faut lui donner une raison, et cette raison, c'est vous !

S'il se réfugie dans une autre sphère (employez les arguments qu'il faut)

La sollicitation peut aussi se faire dans des conditions un peu spéciales, nous ne retiendrons deux : la négociation et le scénario :

La négociation : votre partenaire vous a forcément demandé un jour un truc qui vous barbait et que vous avez évacué, genre une virée au restaurant en bateau mouche ou une soirée au théâtre ou aller à un récital de je ne sais quel chanteur qui vous énerve : Proposer le deal, "si tu accepte, je t'emmène à ce truc qui te tiens tellement à cœur... " Il n'y a rien d'immoral là dedans, la vie d'un couple c'est aussi un échange.

Le scénario : Certains couples fonctionnent dans leurs ébats érotiques avec de petits scénarios (la soubrette, la secrétaire, le livreur de pizzas, et... ce qui est beaucoup moins avoué... la prostitué !) dans ce cadre là il peut être intéressant de tenter un :

Un autre scénario est la domination (domination douce, j'entends, je n'ai rien contre les martinets, mais c'est hors sujet !) Les choses parfois s'obtiennent de façon beaucoup plus facile par ordre que par demande amiable !

L’après :

En discuter très brièvement (ne pas paraître lourd, on ne le répèteras jamais assez !)

Mais lancer juste, "on recommencera une autre fois, on va pas faire ça à chaque fois... (ça n’engage strictement à rien)

Un dernier conseil

Chaque cas est particulier. Je me suis contenté de vous donner quelques pistes... souvenez-vous quand même que nous sommes dans un domaine très particulier, celui de la sexualité et qu'en la matière, les gens sont rarement sincères et hésitent à se dévoiler complètement y compris à leur partenaire. Si ce dernier vous paraît buté, ne vous découragez pas. Revenez à la charge quelques jours après. Sauf dans certains cas limites, on arrive toujours à faire avancer les choses.

Résumons-nous :

  1. aborder : amener l'uro dans la conversation vous permettra de connaître les réactions de l'autre et de savoir dans quelle sphère de refus il se situe !
  2. démythifier : l'uro n'est pas sale
  3. délimiter : l'uro n'est pas la scato
  4. banaliser : ça se fait, et les gens qui le font ont l'air normaux, bien dans leur peau etc...
  5. minimiser (on ne le répétera jamais assez, ne présentez pas cela comme un désir obsessionnel, mais plutôt comme une tocade qu'il vous amuse de réaliser
© Hélèna Sevigski - Août 2001